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Mes feuillets de vie
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13 septembre 2021

Il faut tourner la page et en écrire une autre.

Il me semble incroyable d’être si proche et ne pouvoir aller plus loin que le hasard de se croiser le temps d’une seconde.

Je n’ose parler trop vite, mais pour l’instant de mon côté le calme règne enfin et un semblant de paix s’est installé.

J’ai fait la connaissance de mes nouveaux voisins, un couple de jeunes, bien éduqués et très gentils. Tu me connais, quand les gens sont bien je le ressens tout de suite. Ce n’est pas malheureux qu’enfin mon entourage se remette droit et calme. 

Je suppose que tu as eu des échos de la réunion exceptionnelle, apparemment ça va être houleux. Je ne sais pas si je vais y aller, je verrai. 

Tu as dû voir tout à l’heure le vide fait dans l’appartement du légionnaire.

En ce qui me concerne, je ferais ici table rase de tout du sol au plafond, et recomposerai l’intégralité. Je ne m’accrocherai pas à cet appartement où je n’ai pratiquement que des mauvais souvenirs. J’ai un besoin vital de changement total de décor, de lieu, de gens, de tout.

Je ne suis pas partie à temps à l’âge où j’aurais dû le faire, fric ou pas, et les quelques années après, le temps où j’ai failli crever, je ne suis plus arrivée à reprendre ma vie en main. Je n’ai pas su saisir les opportunités qui se sont présentées à moi pour enfin décrocher le cordon que la mère m’avait entouré autour du cou, subrepticement, sans faire de bruit et sous couvert de protection filiale.

J’étais bien loin de me douter que, même inconsciemment, elle m’avait emprisonnée pour ne pas que je l’abandonne au désastre de sa vie personnelle, sa vie de couple. Ce n’est qu’aujourd’hui que je le comprends.

Le profil de la mère toxique n’est pas toujours comme on peut l’imaginer. C’est le côté pile, pour moi, et le côté face, pour tous ceux de la rue, en famille, avec les proches ou même les inconnus.

Une double personnalité qui peut passer inaperçue une vie entière.

Mais bon, c’est ma mère... j’aurais l’impression d'être injuste maintenant qu’elle arrive à un âge où plus que jamais elle a besoin de moi. Elle aurait été plus jeune et en santé, j’aurais pris mes clics et mes clacs sans aucun remord en partant bien loin d’elle pour me sauver.

Je répète souvent qu’il n’est jamais trop tard pour les autres, je pense que pour moi, l’espoir que ça le soit aussi disparaît chaque jour un peu plus.

Tu vas dire que je viens ici écrire mes misères et mes larmes et tu n’auras pas tort. Une manière comme une autre d’enlever le mal qui me ronge d'être prisonnière, pour continuer à avancer seule, sans joie, sans espoir, sans surprise, sans amour et sans toi.

J’attends malgré tout une nouvelle, la seule qui vaille la peine de tenir le coup face à tout. Si elle se réalise, tu le sauras et le verras très vite, d’ailleurs, tu pourras peut-être ainsi m’approcher et me parler plus facilement en dehors de cette prison, même pas dorée, qui me sert de maison.

Ce n’est pas parce que j’ai besoin de tendresse qu’il faut que tu te sentes l’obligation de m’en prodiguer. Plus que tout, c’est le manque d’écoute, le partage de mon moi et de tout ce qui me plaît dont j’ai le plus besoin. Tu me connais, tu sais très bien que derrière les larmes, il y a tant d’éclats de rire et tant de complicité, tant de curiosité de tout et d’ouverture au monde.

Je me sens vivre si loin de qui je suis vraiment, je crois bien que c’est ça qui me mine et me détruit le plus. Faire semblant d’être libre, alors que je ne le suis pas, j’ai comme une barrière invisible qui m’entoure et qui m’a coupé de tous depuis si longtemps.

Tu ne sais rien de moi sinon ce que l’on a pu te raconter, bien souvent complètement à côté de la plaque et par méchanceté gratuite.

Si je me suis enfermée dans cette solitude et j’ai rayé tous les amis, c’est que j’avais mes raisons. Mais il faut que tu saches que plus jeune et avant de vivre toutes ces années de malheur, il y a eu beaucoup beaucoup beaucoup de monde autour de moi. Ce n’était pas pour mon fric ou même ce que je représentais, je n’étais rien qu’une fille comme tant d’autre, mais j’étais heureuse et je transmettais mon bonheur à tous ceux qui m’entouraient.

Et puis, il y a eu le crac qui a tout fait basculer.

L’amitié peut être aussi forte qu’un grand amour, la cassure a été trop violente, je n’étais pas préparée à la perdre de cette manière, je me suis effondrée, mon corps m’a abandonnée.

Cette amitié était si puissante, que, même après en avoir fait le deuil, j’ai appris que de l’autre côté l’ami s’est effondré aussi. Sa vie, son couple, tout. Même avec la notoriété, l’argent, la dégringolade ne m’a pas été seulement réservée.

Quarante ans sont passés, j’ai revu l’ami et je sais exactement où il habite aujourd’hui. Il doit même m’apercevoir de sa maison qui surplombe le village. J’ai compris que rien ne serait plus comme avant, la corde était bel et bien brisée entre-nous. Je ne suis jamais retourné chez lui, je ne l’ai plus recontacté. Je sais que sa vie est tellement éloignée de ce que je suis maintenant, plus rien n’a subsisté au temps d’avant.

Les milliers d’amis que nous avions en commun, le plaisir que nous éprouvions à partir par monts et par vaux, par tous les temps sans aucune peur, de jour, de nuit, infatigables, tout ça a disparu. Les nuits blanches festives, les virées en moto, les boites de nuit, les conversations jusqu’au bout de la nuit, le stop au bord des routes, tout cette jeunesse a été et ne reviendra plus.

Il faut tourner la page et en écrire une autre.

Pour l’instant, elle est toujours blanche et pas un mot pour écrire le bonheur.

AplumenathR

Elhiana.

 

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Commentaires
L
"Il faut tourner la page et en écrire une autre"... alors, j'attends les autres.
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