Canalblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
Publicité
Mes feuillets de vie
Newsletter
Visiteurs
Depuis la création 107
Derniers commentaires
Archives
18 septembre 2021

Toujours là pour écouter le tempo de ta vie.

- Alors, dis-moi, donne-moi un peu de tes nouvelles.

- Tu veux vraiment ?

- Oui.

- Et bien, je pensais que le changement des propriétaires avait modifié et recadré celui des locataires, notamment ceux qui nous font la misère.

Que nenni !

Ils ont laissé passer du temps, au vu des consignes données à la transition, laissé passer le temps des travaux de la fille de Mme le Sénateur Maire, laissé passer la rentrée de leurs enfants, laissé s’installer les nouveaux locataires de Mme la fille du Sénateur Maire, ce qui signifie en quelque sorte la fin du mois d’août et début septembre.

- Mais, ne m’avais-tu parlé que même au mois d’août ce n’était pas folichon ?

- Disons que les parents avaient embauché une fois encore des gardiennes.

Je suppose que c’était leur grand-mère compte tenu de la gentillesse et la normalité qu’elle avait à s’occuper d’eux, mais elle n’était pas seule, il y avait sa fille. Une complètement timbrée, présente pour assister soi-disant sa mère. Cette nana n'avait qu’une hâte, retourner s’accrocher au clavier de son téléphone.

La vieille, comme nous l’appelions, vivait avec les petits comme nous aurions pu le faire nous-même.

Mais l'autre, au-delà du fait qu’elle traversait toute la journée l’appartement comme un hippopotame énervé, pour bâcler les repas, le ménage & Cie, se contentait de hurler après.

Pour sûr, les enfants ont été mis au pli.

Je me souviens d’un jour, en fin d’après-midi et alors qu’il faisait une chaleur écrasante, cette harpie avait fait sortir les deux enfants avec un ballon, un énorme sac avec une bouteille d’eau. Tu connais les enfants, ils se lassent vite d’un jeu, si un adulte ou un copain n’est pas présent pour jouer ou les regarder. Le ballon a disparu je ne sais où. Quand les petits ont sonné à l’interphone en demandant de rentrer à la fraicheur, la dégénérée les a envoyés valdinguer sur les roses. Maman qui a vu le manège, catastrophé, est arrivée au galop en m’expliquant l’affaire et a fini par ouvrir la fenêtre en demandant à la petite si elle voulait qu’on lui ouvre la porte, interphone oblige.

La petite lui a répondu poliment :

- Non, nous ne pourrons rentrer dans l’appartement que lorsque nous aurons retrouvé le ballon…

Ils étaient donc là, épuisés, étourdis par cette chaleur infâme, n’ayant plus la force de chercher ou même de jouer, assis parterre, ne sachant plus quoi faire.

- Quelle âge avait la petite garce qui leur imposait ça ?

- Oh, peut-être 17 ans. Je ne l’ai jamais vu conduire, c’est sa mère qui le faisait.

La mémé de l’appartement du dessous, qui a vu et entendu la conversation, a fini par descendre pour rejoindre les enfants en leur posant la même question et en disant qu’elle allait les aider à retrouver le fameux ballon.

- Ils ont fini par le trouver ce putain de ballon de la délivrance ?

- Non, mais la garce, finaude, a fini par se déscotcher de son smartphone, ouvrir la fenêtre et leur dire de monter. La peur des représailles si l’un de nous venait à en parler aux parents.

- Donc, que s’est-il passé hier ?

- Hier soir, alors qu’en général les arrivées intempestives et annonciatrices de boucan sont vers la tombée de la nuit, l’heure où tout le monde s’affaire à la télévision, le repas, la douche, que sais-je encore, hier, c’était à 22 :06 !

Claquements de portes, cris d’enfants vers les voitures, premier jet qui monte les escaliers très bruyamment et continue dans l’appartement, laissant échapper anniversaire. Puis, un deuxième et un troisième jet d’adultes et d’enfants.

- Tout ça est logique pour un anniversaire, sauf que je trouve bizarre pour des enfants de faire la fête, même un vendredi soir, si tard. Mes enfants, qui sont grands maintenant, ont toujours fait leurs invitations en milieu d’après-midi, pour environ deux heures, pas plus. Le temps de recevoir, souffler les bougies, distribuer les cadeaux et manger le gâteau.

- Exactement Sir ! Je me suis fait les mêmes réflexions.

D’autant que, cerise sur le gâteau, c’est le cas de le dire, j’ai même eu droit à la musique à 23 :30 et le chant en chœur de tous du « Joyeux Anniversaire » ! Certes, tout pourrait paraître exceptionnel et explicable pour le tout un chacun, mais pour moi, non.

- Evidemment, il y a maintenant combien de d’année que tu t’en plains ?

- Trois ans.

- Ma pauvre, quelle catastrophe !

- A qui le dis-tu … ces familles sont nombreuses et font des enfants à la pelle. on ne peut leur reprocher à partir du moment où les parents sont là pour cadrer tout le monde. Ce qui n’est pas du tout à l’ordre du jour et ne le sera jamais. D’autant que l’excuse «anniversaire» ne tient plus debout, car c’est continuellement, toujours dans des heures et même des jours de semaine qui ne se font pas, encore moins en copropriété.

- Elle est mal isolée la copro, mais ils le savent bien puisqu’ils y vivent depuis trois ans. C’est donc voulu.

- Si tu veux mon avis, ce n’est pas que le mien, ces gens-là ne sont pas clair du tout.

Ce n’était pas plus l’anniversaire d’un enfant que le mien, juste une excuse pour faire venir toute cette ribambelle de femmes apprêtées, à talons et bruyantes, pour X raison.

- X raison en dehors de la loi c’est ça.

- C’est ça.

Les hommes se font remarquer, quelle meilleure manière que de planter des femmes qui n’ont peur de rien et des enfants en plein milieu de la population, au vu et au su de tout le monde pour faire leurs petites affaires. Comme un épicier se fait livrer sa marchandise, dans leur triangle noir, ils ont changé le look et la manière de livrer, en enrobant d’enfance le tout.

- Penses-tu que les autorités ne sont pas au courant de tout ça.

- Bien sûr. Impossible qu’ils ne soient depuis le début suivi et sous surveillance. Moi je suis le grain de sable emmerdant coincé dans la roue de leur business. Je reste persuadée qu’ils ont équipé leur appartement de caméras et de micros pour surveiller toute la copropriété et son environnement. Leur système est tellement rôdé qu’ils sont tout autant protégés que des policiers ou des militaires en opérations.

- Je sais que tu écris, mais ton imagination ne s’envole-t-elle pas trop haut.

- J’ai fait des tests et j’ai pu me rendre compte de leur comportement. Quand et à quel moment ils font leurs fiestas, ils laissent hurler et sauter les enfants, au point que tout à l’heure la petite du rez-de-chaussée, avec deux appartements au-dessus d’elle, m’a dit que son plafond tremblait hier soir. Impossible que les autres occupants de la montée, même de l’autre côté, n’ait pas entendu ce vacarme.

- Ils ne disent rien.

- Non. C’est l’omerta.

- Ça peut durer ad vitam eternam ton histoire.

- Tu l’as dit goufi !

- Ils ont fait silence total quand.

- A 23 :45, j’ai entendu descendre. Je pensais que tout le monde partait, penses-tu ! Le bruit le faisait penser, quand j’ai regardé en me faisant bien voir à la fenêtre, il n’y a eu qu’une petite bonne femme mince et brune avec trois enfants super-jeunes, à peine quatre cinq ans.

- La suite s’est cassée quand.

- Je savais que ceux qui resteraient pour dormir allaient mettre bien une heure pour mettre en place les lits. Ils n’ont vraiment pas peur de déménager et les meubles et les lits,  tout. Quand je pense que lorsqu’il s’agit pour moi simplement d'enlever ou déplacer un meuble j’en fais toute un flan, eux, ça ne les encombre pas.

Je suis donc restée loin du boucan à boire une tasse de lait sucré. Ce n’est qu’après que je me suis couchée.

- Ouf, j’ai l’impression que c’est moi qui ai vécu tout ça.

- Attends la suite…

- Quoi, ce n’est pas fini !

- 04 :00 du mat, grand branle-bas, j’entends bouger dans l’appartement et, vu que je dors les vitres ouvertes, à moins d’être profondément endormie, rien ne m’échappe. La suite, l’armada de nanas, parlaient comme en plein jour, je devrais dire piaillaient comme des perruches ... en arabe.

- Hé…

- Je me suis rendormie illico. Depuis, je sais qu’il y a du monde dessus. Qui, je n’en sais rien. Pas les locataires en titre ou alors ils sont garés bien loin et bien cachés. Ce n’est pas la première fois. Ils savent qu’on repère leurs va-et-vient par leur bagnole. Du coup, ils se les échangent les uns aux autres pour mieux fausser les pistes. Si tu ne les vois pas sortir, tu t’y casses le nez.

Tu te rends compte qu’il m’a fallu presque deux ans pour me rendre compte que la meuf du dessus avait une sœur qui lui ressemblait comme deux gouttes d’eau, un peu plus forte peut-être. Le mec du dessus idem, un gonze à peine un peu plus grand avec la démarche en canard.

Quant aux enfants, c’est la grande salade, ils se ressemblent tous à quelque chose prêt. Et puis, quand la nénette s’est fait couper les cheveux, la « sœur » idem, mêmes vêtements pour les mecs, même coupe, même barbe, avec lunettes de soleil parfois et casquettes.

Un truc de ouf !

- Et là, pendant que tu tapes sur ton ordinateur, ils peuvent te lire …

- Pas tout le temps, si tu savais ce que je m’en fous.

Une chose est certaine, c’est qu’ils ont une application qui leur permet de se connecter à n’importe quelle box pour avoir le wi-fi. J’ai pris l’habitude de la couper quand je n’en'ai pas l’utilité, c’est à ce moment que je les vois partir sur la véranda pour la faucher à d’autre, ou carrément sortir par tous les temps.

A chacun ses piques.

Comme je sais que cette même application leur permet de lire, comme les flics, de lire en direct mes textos. Je suis presque certaine qu’ils doivent avoir un « fruit pourri » dans la maison qui leur transmet les infos.

Pas grave, la « famille » est partout, en numérique, en téléphonie, écrire est ma meilleure protection en temps direct.

- Ton écriture poétique est aux orties si je comprends bien.

- Je pensais la voir revenir chaque jour un peu plus proche jusqu’à hier soir où tout est retombé à plat.

Je vais écrire un policier, « Le policier de ma vie » dans les Feuillets de ma vie. Pas mal pas mal n’est-ce pas. Un boulot à plein temps qui ne risque pas de manquer de piquant.

Ma colonne vertébrale m’a mis en invalidité sans solde, elle aurait pu être le thème de départ, mais on ne choisit pas toujours ce qui va dominer dans l’écriture.

C’est finalement la plus grande douleur qui prend le pas sur les mots.

- Tu as raison amour, je suis toujours là pour écouter le tempo de ta vie.

 

AplumenathR

Elhiana.

 

M1jpg

Publicité
Commentaires
Publicité